Nous ne voyageons pas pour échapper à la vie, mais pour que la vie ne nous échappe pas.
– Anonyme
C’est en arrivant à Kanazawa que je me rend compte finalement que depuis plus d’une semaine je me suis transformé en petit rat des villes… moi qui aime tant le calme, la nature, pouvoir écouter le silence et laisser libre cours à mes pensées.
Je ne te dis pas que je suis sauvage, voire hermétique à la ville… mais bon, Tokyo, Nikko, Nagano, Takayama et maintenant Kanazawa, il est temps après presque 10 jours au Japon d’aller voir la campagne, l’océan… ou plutôt cette fameuse Mer du Japon qui me fait tant rêver.
Pour tout te dire, pour ce périple d’un mois au Japon, comme à mon habitude, je n’ai rien planifié… aucun itinéraire, aucun impératif… juste me laisser porter au grès de mes envies…
« Gone with the wind » comme aimait à le répéter un de mes bons amis dans une autre vie – sacré Jojo !
Je n’avais d’ailleurs jamais trop saisi à l’époque le sens profond de cette expression dans la voix de cet illuminé ! Aujourd’hui de plus en plus, elle fait sens, elle a du sens à mes yeux. Même si parfois je sais que tu ne me comprends pas… non pas que tu ne comprennes pas qu’il faille vivre libre pour être heureux, non, ce que tu ne comprends pas c’est bien que j’ai embrassé cette vie là par hasard, après avoir fait un tel travail sur moi-même qu’elle s’est imposée à moi.
J’aimerai t’emmener avec moi sur cette voie, mais tu fais encore trop de plan sur la comète, trop de cases à remplir… on en a tous c’est vrai, moi aussi ! Cependant comme je te le dis souvent je ne préjuge ni du futur ni de la manière de l’atteindre.
Je prends des décisions de l’instant… ça peut être effrayant, je le conçois, ça pourrait dénoter d’un esprit ubuesque, loufoque, voire complètement dénué de responsabilité.
Je te rassure, je ne suis ni irresponsable, ni fou. Par le passé, ou plutôt dans mes anciennes vies, je devais prendre des décisions – importantes, car les enjeux financiers et humains l’étaient aussi – planifier, anticiper… j’ai changé… complètement, au strict opposé. Ce bond dans l’inconnu m’a d’abord effrayé, plus de repère, plus de chemin tracé. Ensuite, il m’a appris à baisser mon niveau de stress, à vivre différemment, puis à me déposséder petit a petit du matériel. Il faut pour cela aussi – désolé – que je fasse un aparté.
Se détacher du matériel ne veut pas dire ne rien posséder, ne pas avoir d’envies, ne pas se projeter dans une vie « traditionnelle », non, cela veut dire à mes yeux et c’est là, la très grande nuance, que je ne pense ni à quand, ni à comment je pourrai y accéder, je sais que mon chemin est un bon chemin. Que toutes les décisions que je prends à chaque instant me rapprochent un peu plus d’un idéal de vie. Cet idéal quel est-il ? Vivre heureux, apaiser, sans courir après quoi que ce soit, et pourtant tu vois dans cette vision il y a bien une part de matériel.
Comme toi je rêve d’une jolie maison pour abriter ma vie de famille, un amour intense, sincère et véritable… bref fonder UNE équipe heureuse.
Etrange que je puisse te confier ça ! Je suis un solitaire, car c’est ma condition du moment… je l’accepte, je la vis, et je sais qu’un jour tout arrivera… mais pourtant vois-tu je n’en rêve pas comme un absolu. Je ne me dis pas que ça arrivera ou, quand et comment ça arrivera, ça arrivera, c’est tout, car je suis devenu bon et respectable… la vie m’envoie des signes tous les jours et m’apporte de si belles rencontres…
Et enfin, mais çà je pense que tu l’as compris depuis le temps que je te livre ma vie, mes ressentis les plus intimes sans filtre, à baisser mon ego. Que dis-je à ne plus avoir d’ego du tout ! A quoi bon, à quoi car sert de se jauger à autrui, de jauger une situation en fonction de qui on estime être… pfff.
Tout ça c’est de la connerie, si tu n’as plus d’ego, tu n’as plus de stress dans les situations du quotidien.
Attention, cependant ne te méprends pas, ne plus avoir d’ego ne veut pas dire ne pas avoir confiance en soi, ou ne pas s’aimer pour ce que l’on est ! Plus d’ego, c’est simplement plus de « pourquoi on me fait ça a moi ! », « je mérite un traitement different tout de même, vous ne savez pas qui je suis … » bref autant de phrases à la con que dans une situation que l’on ne maitrise pas notre esprit va nous balancer en pleine face. Et c’est là que le stress et la colère viennent te gangréner… si tu laisses glisser… tu vis en paix !
Bref, je digresse encore et toujours ! Alors partons à l’assaut de cette Mer du Japon. Je regarde sur la carte un point plus au nord que Kanazawa… et en lisant un peu je décide d’aller à Ine. Pourquoi ? Pour ses Funayas, ces maisons typiques en bois au bord de l’eau qui servent de garage à bateaux… ces grandes baies, sa nature sauvage…. Et surtout espérer profiter du calme car c’est un périple pour y accéder… 3 trains, 1 bus… et puis la bas rien !
La meilleure option pour moi semble être à Kunda… prés de Miyazu, à une heure de bus de Ine.
Arrivée tardive, après le 3ème train de la journée et plus je m’enfonce dans la campagne japonaise, plus la longueur du train diminue, son confort aussi, les gens, eux-aussi changent. Ca parle très peu anglais – voire pas du tout – le look devient moins citadin… bref tu l’auras compris, je respire, mon esprit s’éveille et s’évade un peu !
Gare de Kunda… au milieu de nulle part, pas de bus, pas de vie non plus. Toutes les maisons semblent être fermées, non elle sont fermées ! Je ne te parle pas ici de villas de milliardaires qui auraient fuient le leurs résidences secondaires après la saison, non, ici ce ne sont que de petites maisons, modestes… mais fermées… je ne saurais toujours pas te dire aujourd’hui pourquoi, car au fond je n’ai pas demandé.
L’ambiance est étrange, pas pesante, mais étrange… la lumière commence à faiblir à mesure que le soleil amorce sa descente, il est aux environs de 16h30.
Il me faut parcourir 1,6 kilomètres avec mon package (40kgs !) pour rejoindre mon tatami du soir ! Go.. pour une petite marche !
Et puis je pense à mes enfants, je repense à ce moment avant de partir au Portugal, lorsque nous allions récupérer Marcel chez le garagiste en plein milieu du fin fond des Landes, dans le trou du cul du monde en fait ! J’avais promis à Prune et Gaston que nous ferions du stop… et nous l’avions fait. Ce souvenir reste gravé dans ma mémoire à tout jamais ! Un trajet comme celui que je suis en train de parcourir en fait, pas plus de 2kms… rien d’insurmontable . Je me mets sur le bord de la route et commence à tendre mon pouce vers le haut.
Prune me regarde, gênée, et hurle « Ah non Papa, arrête, on ne fait pas du pouce ! ».
Tu vois, dans leurs esprits de petits bourgeois, au fond, ils souhaitaient s’encanailler un peu, faire comme les autres, mais leurs peurs ou leurs raisons déjà un peu formatées les en empêchaient.
« Je t’avais dis que nous ferions du stop, tu sais que papa ne ment jamais, alors c’est le moment ! » Gênés ils étaient, puis la gêne à laisser place au jeu et aux rires ! Et qu’elle ne fut pas leur surprise lorsque une dame d’une cinquantaine d’années accompagnée de sa fille – tout juste majeure – se sont arrêtées à bord d’un 205 d’un autre temps, ornées de fleurs peintes à la main…
A l’intérieur du véhicule, un bordel innommable, sans banquette arrière. Quelques années auparavant cela m’aurait fait sourire, puis esquisser un jugement à l’emporte pièce. Ce jour là, j’ai souri, et nous nous sommes engouffrés dans la voiture. Un famille italienne immigrée dans Les Landes depuis longtemps. Francesca nous a déposé quelques centaines de mètres plus loin, nous a donné son numéro de téléphone en cas de besoin, et, nous a invité à visiter son jardin bio… et même à nous héberger ! Un moment juste dingue que j’avais oublié de te partager, car tu vois au fond, je l’avais aussi un peu oublié tellement la vie est une succession d’aventures heureuses !
Prune et Gaston m’en reparle de temps en temps, fiers d’avoir « fait du pouce », fiers d’avoir surpassé un stéréotype négatif de petits citadins. Cà leur a même rappeler une panne d’essence 1 an plus tôt avec Marcel, et la gentillesse remarquable du hippie tatoué qui nous avait gentiment donné de l’essence sans vouloir d’argent en retour. Tu vois au fond, ces deux exemples anodins illustrent bien ma vision de la vie, ce que je souhaite qu’ils retiennent… sois bon avec l’autre, n’aies pas peur de l’aider, n’attends rien en retour, mais un jour lorsque tu seras sur le bord de la route, c’est lui qui viendra t’aider en retour … CQFD !
Bon, revenons à Kunda ! Crois le si tu veux mais dans ce pays, si les gens sont extrêmement courtois et bien éduqués, le stop n’est pas une activité répandue. Bref, néanmoins après quelques minutes, une voiture vient à ma rencontre et s’arrête. Le type qui ne parle pas un mot d’anglais et encore moins de français, saute hors de l’auto, iPad a la main, Google maps et traducteur ouverts pour me demander où j’allais. Nous essayons de communiquer, je lui montre l’endroit… me fait comprendre de ne pas marcher le long de la route – je ne pense pas que ce fut-ce dangereux, il n’y avait personne ! Il appelle « l’hôtel », nous échangeons par téléphone et la personne décide de venir me chercher ! Bon je ne l’ai pas attendu pour tout te dire, car je pense que ce n’était pas le bon hôtel en fait ! En revanche, ce que j’en retiens là encore c’est la gentillesse de ces personnes, car il est évident que l’homme qui est venu a ma rencontre a été informé par d’autres qu’un « blanc » portant sa maison sur son dos, déambulait dans la pénombre au bord de la route ! Dis comme celà, ça semble loufoque, mais sur le coup je peux t’assurer que j’ai été extrêmement touché de cette attention !
Me voila enfin arrivé à l’hôtel, pour 15euros la nuit je ne m’attendais à plus que ce que j’ai trouvé, même peut-être encore moins bien. L’hôtel est en fait un repère de pêche, posé les pieds ou plutôt les pilotis dans la Mer du Japon.
Enfin la voila celle-ci ! A force de l’espérer, ce soir je vais dormir avec elle, avec son bruit assourdissant, comme je l’aime, comme je le recherche avec Marcel… cette douce musique apaisante et rassurante.
Je suis accueilli par une vieille dame, son mari et sa fille. De suite le ton est donné, la vieille dame est la patronne ici, elle donne les ordres et les deux autres exécutent. Attention, pas tyrannique, mais ferme. Comment te dire, je tombe en adoration devant ce type de madronne, ce caractère bien trempé, mais avec un coeur bien plus gros et bien plus sensible que toi et moi réunis !
Pas facile de communiquer, comme je te le disais, ici personne ne parle anglais et pas plus ces gens là… je pense qu’en fait ici il y a peu de touristes de passage voire pas du tout. L’hôtel te disais-je est un repère de pêche pour les locaux ou les japonais avides de ce sport. Cannes à pêche, barques et hameçons en tout genre sont les piliers centraux d’une décoration plus que modeste.
Cette dame possède un traducteur vocal, il faut la voir me parler en japonais – me tendre le traducteur, moi lisant la traduction approximative en français, répondant à l’appareil et vice versa ! Une scène surréaliste mais sympathique, encore un bon moment !
Le temps a changé, plus au nord, c’est l’humidité et le froid qui prédominent… d’ailleurs le poêle marche à fond au milieu de ce qui devrait être une salle a manger. La vielle dame me tend un thé chaud… puis me montre ma chambre, sous les pilotis… une chambre rudimentaire mais avec une vue imprenable sur cette fameuse Mer du Japon. Pas de nourriture ici m’annonce d’emblée la dame, « Si tu veux cuisiner et manger, ma fille peut t’emmener au supermarché » . Dont acte, nous y allons, traducteur vocal en accompagnateur central du voyage… et chose encore surprenante, un film, ou plutôt un dessin animé en toile de fond, les Minions. Et oui, tu dois le savoir, les japonais sont évidemment fans de jeux videos, de mangas et de dessins animés… c’est dans leur ADN, tout semble tourner autour de ça ici… une véritable passion comme la gentillesse. Alors ils regardent en voiture, tout en conduisant ces fameux dessins animés, ailleurs tu les verras aussi regarder des démonstrations de jeux-videos !
La femme m’accompagne, m’attend dans la voiture et me ramène…. Pendant ce temps la vieille dame a installé ma cuisine sous le préau de la terrasse. Cuisine de camping, un simple réchaud, face à l’eau… comme avec Marcel en somme, je ne me sens pas dépayser. Bon il faut que je te l’avoue je pense que tu aurais manqué un peu de confort… ici tu cuisines en doudoune, bonnet vissé sur la tête, limite avec les moufles, dans le vent et le froid ! Idem pour les chiottes et la douche, il te faut passer à l’extérieur de ta chambre, traverser tout le bâtiment pour enfin y arriver ! La vie de château ce n’est pas encore pour moi !
Et cette chambre, on en parle ? Un tatami jeté par terre, une table base pour manger à la mode japonaise, mais, avec un système de tapis chauffant incroyable, qui me permettra de passer une de mes meilleures nuit depuis que je suis ici !
Tu vois, j’en suis arrivé à ne plus me contenter que de rien, d’un essentiel en fait… un endroit pour dormir où je partage un peu de la vie locale, dans la simplicité… les rapports n’en sont que plus vrais, j’allais dire authentiques. Car tu vois, lorsque cette vieille dame m’a un peu enguirlandé en me disant de bien laisser mes chaussures dehors et d’utiliser les slippers, j’ai souri, presque eu envie de lui répondre « Oui maman ! »
Une nuit des meilleures te disais-je, suivi d’un petit-déjeuner incroyable, tu imagines, rien, pas de vaisselle, pas de service, pas de café, mais la vue… mon sachet de thé acheté la veille et ma pomme ! Le paradis n’a pas de nom, c’est ici.
Encore une fois je vais digresser, mais des années en arrière tout cela m’aurait été inconcevable, il m’aurait fallu du confort, de l’apparat, du style, bref flatter mon ego… aujourd’hui mon ego est flatté par autre chose, plus par la manière dont vont se comporter les personnes avec moi, que ceux qu’ils vont m’offrir en terme de confort ou de matériel. Tu vois ou je veux en venir ? Même si par le passé j’étais respectueux des personnes, allant vers eux, essayant de les aider, le matériel – ou plutôt l’argent – était au centre de tout, comme un biais à toute relation. Tu sais, au fond, si cette vielle dame n’avait pas perçu dans mes yeux, dans mon attitude, dans mon aura, toute la bienveillance et le respect que j’avais pour la situation du moment, si sa fille ne lui avait pas témoigné également de ma bienséance de la veille, et bien crois-tu l’espace d’un seul instant que ce matin, cette bonne dame m’aurait proposé de m’emmener jusqu’à la station de train de Kunda. Et bien plus, après m’avoir indiqué tous les trains et bus à prendre pour arriver à Iné – ma destination finale, ne l’oublions pas – m’aurait-elle tout bonnement et juste avec un grand sourire déposé dans la ville suivante Miyazu, à la gare de bus, m’évitant ainsi l’attente et le trajet en train de Kunda à Miyazu…. Et bien pour ma part, et cela n’engage que moi, je ne le crois pas !
La vie est juste, parfaitement parfaite, comme dirait Thierry Guilhou, ce coach en positivité, celui qui, je ne sais pas si je te l’avais déjà dit mais, a pratiqué sur moi il y a quelques années – au moment ou j’étais dans une situation personnelle et psychologique des plus complexes – une « re-programmation » de mon esprit par méthode EMDR. Je ne vais pas te détailler ici cette méthode, tu trouveras de nombreux écrits sur internet. Sache simplement que cette technique vise à enlever des images et des situations de ton subconscient ou de ton inconscient comme tu veux… peut-être n’y croiras-tu pas… çà a fonctionné sur moi en tout cas !
Me voila donc dans le bus direction Iné, 1H30 de bus plus tard j’y pose le pied à quelques pas de l’office de tourisme, jusqu’auquel m’escorte un japonais rencontré dans le bus, celui-la même qui m’entendant demander un renseignement à un groupe de japonais, ne parlant pas anglais – notamment l’arrêt auquel il fallait descendre – est venu spontanément et dans un anglais parfait m’apporter son aide ! Un Tokyoite en week-end à la mer. Encore une fois l’exemple de la bienveillance de ce peuple… encore une fois… et tu verras, toi comme moi ne sommes pas au bout de nous surprises !
Sous le charme dés le premier pas sur le sol de cette ville. Le calme et l’énergie de la Mar en font un lieu privilégié. Peu de touristes étrangers voire pas du tout… je ne passe pas inaperçu en déambulant dans les rues, pardon dans la seule rue qui longe la mer bordée de ces fameuses funayas.
Une chose me trotte en tête depuis que j’ai décidé de venir ici, c’est de trouver un petit bateau pour les admirer côte mer, comme sur le bassin d’Arcachon, et comme partout au bord de l’eau, la vue y est souvent magique.
Je pose mon fardeau dans une consigne de l’office de tourisme et m’empresse de demander ou et comment visiter depuis l’eau. La jeune femme me montre la carte, les prix et me propose de téléphoner pour réserver un tour… après mon passage à la banque… et oui comme dans tous les endroits un peu reculé, les espèces sont reines ! Rendez-vous est pris pour 13h00, mais le lieu n’est pas très clair, elle m’indique 3 points de rencontres proximité sur la carte, « ce sera là ou là ou là » !
J’ère dans les rues en direction de la banque, je t’assure que l’ambiance du lieu est incroyable, tu es quasi seul, tu ne croises que des japonais du coin, plutôt âgés, qui baissent la tête en te disant bonjour, de peur de déranger ou plutôt pour ne pas t’importuner. Et me voici arrivé au lieu de rendez-vous.
13h00, personne, 13h10, personne… me voila décidé à marcher jusqu’aux 2 autre lieux possibles de rendez-vous… il n’y a pas affluence, le batelier m’attendra. Sur le chemin, une toute petite épicerie dans laquelle je vois entrer un local – oui, il fallait savoir que c’était une épicerie comme dans beaucoup de lieux ici, rien n’est inscrit et la porte fermée – alors je m’engouffre derrière le bonhomme, on verra bien ! Encore une vieille dame tout sourire, faisant quelques efforts pour balbutier en anglais. Je suis touché, son sourire, ses rides, sa bienveillance encore…. J’achète des pommes. Les fruits sont denrées rares, et lorsque tu en trouves à bon prix, tu investis pour l’avenir. Tiens, juste pour information, un grappe de raisins coute environ 10euros, une pomme, certes plus grosse que les françaises coute en moyenne 2,60 euros… le fruit japonais par excellence est le kaki, les fruits d’import valent de l’or ! Mais – parenthèse – lorsque tu es vegan et sans gluten, ici tu sautes à la corde et tu ne grossis pas ! J’y reviendrai en temps et en heure.
Et ce bateau me demanderas-tu ? Après 30 minutes à le chercher partout, introuvable … tant pis.. c’est mon karma… je me résigne et continue ma balade, même si, une balade sur l’eau n’aurait pas été pour me déplaire !
L’idée ne ne me passe pas, tu commences à me connaître, je vais demander à quelqu’un qui connaitra quelqu’un, qui connaitra quelqu’un… sur de ma bonne étoile je me lance !
Ah oui, mais où ? Les rues sont désertes ! Au loin j’aperçois un « camion magasin » de fruits et légumes, passant de maison en maison, un peu comme faisaient les ancêtres de Marcel ! Bon pas de chance, ni le marchand ni les clients – des petites mémés – ne pipent un mot d’anglais !
En échange de mes sourires et de nos rires, j’ai droit à une dégustation de clémentines locales, tellement succulentes, que j’en achète quelques unes, la moitié me sera offerte !
Voilà je n’ai pas de bateau, mais de belles images de la vielle dame, des souvenirs et des clémentines !
Et puis, tiens, si j’allais demander à la dame de l’épicerie ! Tu me suis toujours ? Je veux faire un tour en bateau… d’autant que les quelques gouttes de pluie semblent vouloir s’arrêter ! Mais là, toutes les maisons se ressemblent et impossible de retrouver l’épicerie !
Le sourire toujours vissé aux lèvres, je m’engouffre dans la porte d’une petite maison funaya transformée en habitation. Une dame s’y trouve, j’essaie de me faire comprendre, elle appelle son mari et hop le tour est joué, il est d’accord pour m’emmener faire un tour ! Même prix que l’office de tourisme, mais seul !
Je t’assure que l’espace d’un instant j’ai regardé autour de moi en me disant « Il est où Marcel (Beliveau ) ? » , « elle est où la camera ? »
Mais pas de Surprise sur prises ici, juste des gens merveilleux, incroyables de gentillesse, car autant te dire que ce n’est pas avec les 10 balles du tour qu’ils allaient gagnés leurs vies !
Le mari arrive, à peu prés mon âge, voir plus jeune, il installe un fauteuil pliant sur le pont du bateau, me donne un gilet de sauvetage et go ! Ah oui et au passage, je clique quelques images de sa maison… incroyable de beauté, moderne, avec une pièce a vivre, ou plutôt la salle à manger donnant directement sur l’eau, en lieu et place du garage à bateau d’antan. De l’autre cote une cuisine digne d’un grand chef… tu me connais, je suis obligé de faire un « interrogatoire » en règle aussitôt sur l’eau !
Et là, les bras m’en tombent. Ce couple a tout arrêté pour me trimbaler en bateau (pour 10 balles je te rappelle), alors même que leur maison qui est en fait une Guest house – dans laquelle ils proposent petit dej, déjeuner et diner japonais à base de poissons, gargantuesques – qui doit se remplir moins de 2h plus tard ! Crois le si tu veux, ils ont arrêté le ménage et les préparatifs, lui, le chef sushi a arrêté la cuisine qu’il allait commencer à mettre en place…. Tout ça pour quoi ou plutôt pour qui, pour Bibi !
Pour tout te dire, la nuitée est à 300euros / tête de pipe… alors mes 10 balles… désolé d’y revenir mais tu comprends !
Et pourtant ! Tout sourire il m’accueille vraiment comme un prince sur son bateau… ne lésinant pas sur les explications, que ce soient sur la ferme aquacole et les diverses techniques de pêche, ou bie sur les maisons centenaires plantées dans la baie… sur les légendes locales, sur le shintô servant à protéger les pêcheurs et leur assurer bonne pêche. Livret photos à l’appui … encore une fois, nous ne parlons pas la même langue et pourtant aussi magique que cela puisse paraître nous nous comprenons !
Et oui, je n’arrête pas de te le répéter, voire de te le marteler, mais, le langage du coeur est universel !
Je reviens sur mon interrogatoire, qui n’en est pas un en fait. Je ne suis pas la à le mitrailler de questions, simplement je m’intéresse à lui, à ce qu’il fait, à sa vie. Et oui, c’est probablement çà le secret – mais je pense que je ne trahis rien en te le dévoilant – être vrai et faire preuve d’empathie pour l’autre. Je ne peux concevoir le voyage sans les rencontres, sans intérêts, sans coeur !
J’aime les gens depuis toujours, j’aime parler avec eux… échanger, bref ressentir un frisson de chaque instant dans cette vie parfois monotone. Aussi loin que je puisse me souvenir j’ai en fait toujours cultivé ce trait de caractère, seulement, au fil des années ma timidité et ma carapace se sont endurcies ! Pourtant je peux te le garantir tous ceux qui ont croisé mon chemin et qui ont su en faire abstraction te le diront, de manière unanime, « Sam est un type bon, gentil… sympathique, dommage qu’il soit si froid de prime abord ! »
Ces 4 dernières années m’ont remis en place, ou plutôt les idées en place. Pas besoin de carapace, pas besoin de se protéger, pourquoi, de qui, de quoi ? En agissant ainsi de manière inconsciente, tu passes à côté des personnes, à côté des rencontres, à côté côté de belles choses…. En somme à côté de ta vie.
Alors oui, je me suis intéressé à ce brave homme, oui nous avons échangé et je vais même te confier que nous avons rigolé ! Encore un moment, suspendu dans le temps, car oui le temps est bon ! Ce genre de moment que tu souhaites prolonger le plus possible, pour profiter de toutes ces bonnes énergies. Et puis il est temps de partir, alors tu gardes ça en tête, et comme bien souvent, ces images resurgiront en temps et en heure, la vie saura te les rappeler !
J’aime vivre ainsi, tu prends et tu donnes sur l’instant… mais c’est dans l’après que ce matérialisera ce bonheur, lorsque tu auras un coup de blues, dans une situation difficile, ou dans une situation similaire, un peu comme ce moment ou j’ai « fait du pouce »… !
Alors tu veux en savoir un peu plus sur mon copain du jour ?
Ce jeune et gentil couple, outre posséder leur charmante maison d’hôtes haut de gamme, possède également le café le plus chic de la ville « Le Café Ine », somptueuse bâtisse en bois, à la mode japonaise, grandes baies vitrées plongeantes sur la Mer du Japon…. Un de ces lieux juste unique de raffinement et de beauté. Et tu vois, ce qui est drôle, c’est qu’en passant devant tout à l’heure, je me suis dit, « Au retour de ta balade en bateau, tu prendras un café ici ! »
De retour sur la terre ferme, et pour prolonger le moment je demande si je peux prendre un café ici, dans la maison, vue sur l’eau. Leurs hôtes arrivent dans peu de temps et ils doivent finir la mise en place, pas possible – ils refusent, attristés. Qu’à cela ne tienne, je leur jette tout guilleret, « Je vais au Café Iné, c’est chez vous, c‘est pareil !».
Pour eux ce n’est pas pareil, car ils refusent… Alors ils me proposent de me servir un café dehors au bord de l’eau… A mon tour je décline. C’est moi qui les peine maintenant.… Alors, je reviens sur ma position Ok ! « Go for it » (Jojo dans le texte aussi !)
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, ils installent une petite table basse, chaise, et dressent un coin café cosy, et pour tout te dire, bien plus agréable que n’importe quel autre Coffee shop y compris le cafe Iné ! Café, véritable chocolat noir d’excellence, vue sur la mer du Japon, seul à contempler… un moment en apesanteur encore une fois !
Vois-tu, au moment où je te raconte tout çà, je replonge dans mes souvenirs et dans mes images… et je ne peux m’empêcher de leur envoyer un petit message, pour les remercier encore une fois et leur faire cadeaux d’images en souvenirs…
La vie est ainsi faite… de bons souvenirs, de joie et de rencontres…ces rencontres de l’instant, ces aventures du moment présent comme j’aime à te le dire… des aventures simples mais si authentiques !
Allez, sois honnête, tu serais rentré bredouille, en ayant passé, certes une bonne journée, ordinaire, là ou j’ai passé une journée extraordinaire ! Il en faut peu … pour être heureux, un peu de compassion, beaucoup d’amour, et surmonter toutes ses peurs ! Je te le dis et te le martèle mais c’est bien dans l’ordinaire que se cache l’extraordinaire ! A toi d’être inventif, imaginatif … et surtout altruiste ! Ton aura et ton karma feront le reste !
Médite çà… je dois maintenant faire chemin inverse direction Hiroshima !