« Voyez d’abord avec votre esprit ensuite avec vos yeux, et enfin avec votre corps. »
Yagyu Munenori
Ce voyage au Japon, n’est pas un simple voyage touristique, il est un pèlerinage. Un pèlerinage me diras-tu ? Cette fois tu y vas fort, dés la première ligne les volutes anciennes de tes médicaments te plongent dans un délire certain.
Et bien non mon ami, sache que je suis baigné dans la culture japonaise depuis mon plus jeune âge, depuis que je pratique, ou pour être plus précis que NOUS pratiquons les arts martiaux dans ma famille. De père en fils en quelque sorte, ou de fils en père je ne sais plus bien !
Le judo d’abord, et puis tant d’autres ! Mon frère, mon père et moi, pris dans le tourbillon de cette école de la vie. Car oui, c’est une école, l’école qui t’apprend avant même toute technique – avant même de pouvoir faire tomber ou rivaliser avec ton adversaire – à tomber, à chuter. Quelle sagesse n’est-il pas ?
Je ne vais pas commencer à digresser dés le début de cette histoire, sache simplement que cette escale au Japon sur ma route vers l’Australie est bien une escale de coeur. Une escale me permettant de réaliser un autre de mes rêves, embrasser cette culture, et surtout voir de mes yeux le Fujisan ou le Mont Fuji si tu préfères ! Cette montagne, sacrée, la plus haute du Japon, représentée sur toutes les estampes, et notamment sur toutes celles de la société occidentale. Oui, le Mont Fuji, est un des symboles forts du Japon.
Ce symbole il a lui aussi bercé toute ma jeunesse – ma vie – jusqu’à il y a quelques mois encore ! Dans ma chambre, chez mes parents – l’ancienne chambre de mon frère aîné – où, à gauche du lit, à portée de main, le code moral du judo est affiché avec comme arrière plan le Mont Fuji et le portrait de Jigoro Kano – le fondateur de la discipline – et auteur de la célèbre maxime « On ne juge pas un Homme au nombre de fois où il chute, mais au nombre de fois où il se relève. »
Je viens juste de réaliser, peut-être encore un de ces signes dont je te parle temps ! Pendant toute ma descente aux enfers puis sur le chemin de ma résurrection, le Fuji était là, indétrônable, sous mes yeux… pas un jour, pas une nuit sans que je ne le vois. Pas un jour sans que je ne lise une des maximes de ce code moral si simple, si fort, si altruiste.
Alors oui, c’est un signe ! Je devais, je dois, aller me « recueillir » aux pieds du Mont Fuji, lui dire à quel point il m’a aidé, sentir sa présence, sa force, son énergie, ses ondes vibratoires… bref, gagner son adoubement, pour de vrai !
Tu sais tout, ou presque ! Dans ce marathon japonais de seulement 1 mois, je me suis aménagé 5 jours pour découvrir Fuji, ça parait peu et en même temps c’est déjà beaucoup. Après Nikko, Nagano, Takayama, Kanazawa, Ine, Osaka, Hiroshima, Kyoto puis Nara, et avant de repasser par Tokyo pour enfin m’envoler vers mon rêve australien, je finis mon périple par celui qui hante mon esprit depuis si longtemps.
Cette rencontre avec le Mont Fuji je l’attends, je l’espère même ! Après 3 semaines ici, il est sonne comme ma récompense. Direction Kawaguchiko !
Comme à l’accoutumée je ne sais pas encore où vais-je dormir. Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui pour rejoindre le Fuji, il me faudra emprunter 3 trains… le train à grande vitesse, le train régional, puis le petit train local. La journée commence donc tôt, avec un café sur le bord du quai. Les japonais excellent dans l’art du café et dans l’art de l’automate à boissons ! Pour certains des plus évolués tu peux obtenir un café à la méthode « brewing » comme si tu étais dans un Coffee shop ! Bon, il faut aussi que je te dise, au départ ça peut surprendre, mais rassure toi tu t’y fais très vite, ces mêmes machines te délivrent des boissons froides comme chaudes et en canettes. Ahah tu es sur le cul là, oui ton thé, ton café ou ta soupe te sont servis chauds ! Donc café chaud sur le quai en attendant le train.
Téléphone en main, mon énorme backpack au sol, mon doudou MeroMero trônant à côté, je cherche l’endroit, le point de chute idéal pour admirer le Fuji sous tous les angles. Merci le Japon pour ton Wifi absolument partout ET gratuit !
Sur les recommandations de mon pote vanlifer Benjamin et néanmoins traveler invétéré – alias @call_it_living_vanlife – mon choix se porte sur le Lac Kawaguchiko ! Je ne sais plus te dire exactement combien de temps ce périple m’a pris, en revanche, ce que je peux te dire c’est bel et bien que de voyager en train au Japon est un bonheur permanent. Tout est millimétré, calibré, peu ou pas d’attente pour les correspondances, liaisons facilitées, tu sautes d’un train pour en attraper un autre sur le même quai, pas de course effrénée avec ton backpack sur le dos… repères au sol pour chaque voiture… bref ici tout est mis en oeuvre pour ne pas ajouter du stress au stress ! Au stress de quoi me diras-tu ? Du voyage ? Ah non, ça c’est aussi un bonheur de chaque instant ! Non à la vie de tous ces gens qui vivent ici, travaillent, et qui comme tout le monde doivent aussi connaître stress et angoisse, car ne nous fions pas aux apparences, même si tout paraît intensément paisible.
Et puis il y cette musique partout, elle rythme ta journée. C’est d’ailleurs assez incroyable, chaque action, chaque message est accompagné d’un jingle. Y’a pas à dire le Japon ressemble parfois à un jeu video grandeur nature. Je me fais d’ailleurs la réflexion si souvent en franchissant la porte d’un train ou du métro, tilititi ti ti « Vous avez gagné 2 vies ! »… à la manière de Mario Bros (référence old school !) !
Encore une fois, je digresse. Tu me pardonneras mais il faut tout de même planter le décor à l’instar des grands auteurs de romans ! Je te vois sourire, quel orgueil ! Juste l’envie de te prendre à ton propre jeu… n’analyse pas, ferme les yeux, non, ouvre-les, lis, simplement, laisse-toi porter dans ce présent, cet ici et maintenant. Arrête tes pensées compulsives, suis le guide, suis tes émotions, entends les sons, hume les odeurs !
Allez j’en rajoute une couche, avant d’en arriver au but. Il faut que tu saches que le Japon est extrêmement silencieux, un peu comme si tous les japonais jouaient en permanence au « Roi du silence ». C’est frappant dans les rues de Tokyo d’ailleurs, cette capitale qui devrait, comme toute les capitales, être bruyante, affairée, est d’un silence qui parfois tourne à l’insoutenable. Oui je l’avoue après 3 semaines, parfois, j’ai envie de sauter à la gorge d’un japonais de le cramponner par les cheveux, lui secouer fermement la tête pour voir s’il en sort un son !
Et le respect, parlons-en ? Pour le coup, on ne peut en être qu’admiratif, jamais de précipitation. Tout semble d’une organisation sans faille, métro, restaurants, bars, supermarchés, visites… aucune poubelle dans les villes suite aux attentas de Tokyo, et pourtant aucun détritus !
Et le Fuji dans tout çà, quelles surprises a-t-il bien pu me réserver ? A-t-il été à la hauteur de mes attentes ?
Après plusieurs hôtels capsules, maison d’hôtes ou même une auberge de jeunesse – oui, une fois par mégarde, car ce n’est pas ma tasse de thé de partager un dortoir avec d’autres mecs, j’ai passé l’âge d’une part et à tout te dire ce n’est souvent pas plus économique qu’une chambre chez l’habitant – je souhaite un peu plus de confort, c’est à dire plus d’espace qu’une simple capsule, une déco encore plus traditionnelle, car ici, soit tu es dans la modernité luxueuse, au paroxysme du design, soit tu bascules dans le passé version grand-parents !
Il ne m’aura fallu que 15 minutes pour trouver l’hébergement idéal, à la simple vue des photos, puis à la lecture des commentaires dithyrambiques ensuite, le Kagelo Mont Fuji. Design, ressemblant à un chalet de montagne, un bar-restaurant aux allures de coffee-shop, et une vue imprenable sur le Fuji. Plus de chambre disponible, et de toute manière, je ne peux pas me le permettre, mais un lit dans un dortoir – comme quoi tu vois il ne faut jamais dire fontaine – pas n’importe quel dortoir, des lits superposés toujours dans cette ambiance chalet de montagne suisse haut de gamme, un sol en béton ciré… Bref je ne fais pas te faire un dessin, ni t’expliquer le pourquoi du comment, c’est celui-ci qui a retenu mon attention ! Et je ne regrette absolument pas, d’ailleurs j’y retournerai prochainement avec un plaisir immense !
Réservation effectuée, me voila serein pour affronter le long trajet, et le mot est faible. Comme à l’accoutumée, ce long périple est pure joie, découvrir les paysages japonais, découvrir à chaque instant au contact des japonais les traits si caractéristiques de cette civilisation si différente de la nôtre.
Le dernier train annonce la promesse, l’atmosphère est envoutante, je ne saurai exactement te dire pourquoi. La destination finale est le Fuji, étrangers comme japonais sont exaltés à l’idée de cette rencontre imminente. Dans cette vallée, les montagnes t’enveloppent. Me voila pris à rêver, laquelle est le Fuji ? Mais le Fuji se mérite, alors je ne pourrai peut-être l’entrevoir qu’à l’issue de l’heure de train nous séparant, et si le temps le permet. Dans cette région montagneuse, tu t’en doutes, ce dernier est capricieux. Et aujourd’hui, pluie et grisaille font leur apparition.
Gare de Kawaguchiko – terminus. Mon énorme backpack sur le dos, carte en mains, me voici à parcourir le court chemin me séparant de mon « home-sweet-home », le Kagelow-Mt-Fuji. La bruine s’intensifie et j’ai beau observer la carte puis l’horizon, je n’arrive pas à voir cette foutue montagne.
L’hôtel, enfin ! Lui, il tient toutes ses promesses dés la grille d’entrée passée. Charmant, accueillant… enivrant même ! Je demande de suite après le Fuji, la réponse sympathique tombe comme un couperet, il est là, juste face à l’hôtel, pourtant je peux te garantir que yeux grands ouverts, je ne vois rien, absolument rien, je n’en devine pas même une forme ou un contour !
« Si vous avez de la chance vous le verrez, mais le temps est capricieux ici ! »
La pluie s’intensifie, le mauvais temps s’installe comme jamais vu pour moi encore au Japon. Je reste assis, de longues minutes sur un tabouret du bar, les yeux rivés à l’immense baie vitrée panoramique face au Fuji. Pas de chance, dés mon arrivée, il se refuse à moi. Que cela signifie -t-il .? A vrai dire je ne sais pas, je ne sais même pas s’il y a une signification à rechercher. Premier jour de mauvais temps en 3 semaines et c’est face au Fuji ! Patience petit scarabée, peut-être est ce çà… ou encore, « tout vient à point à qui sait attendre ! »
Tu commences à me connaitre, je ne suis pas – ou plus – de ceux qui se résignent, alors je prends un vélo à l’hôtel me mettant en tête d’aller arpenter les abords du lac pour essayer d’apercevoir le Saint-graal. Incroyable d’ailleurs cet hôtel dispose de fixies ! Je ne te cache pas que cela m’avait d’ailleurs attiré sur les photos de présentation, ajoutant un style jeune, branché, urbain dans ce cadre idyllique !
Bredouille ou broucouille, comme on dit chez nous ! (Les Inconnus). Je parcours les rues calmes et silencieuses de la petite ville. Ici il y a peu, voire très peu de monde, ce qui est le contraire pendant la période d’ouverture de l’ascension du Fuji. Bref, je me mouille, j’ai froid, mais je persiste. Inutile de te dire que je ne l’apercevrais pas ! J’essaie de repérer néanmoins des endroits stratégiques … impossible. Je n’ai absolument pas la moindre idée de la distance, est-il proche, lointain…. Je décide donc après un petit thé chaud dans un café local de rentrer.
Quelques instants plus tard, c’est en marchant que j’arpente de nouveau la ville, un petit tour par le supermarché – oui le Kagelo en mode auberge dispose d’une cuisine toute équipée – et de nouveau le bord du lac au cas ou….
Je t’entends rigoler, toi le montagnard, tu sais qu’en pareille situation, il n’en vaut pas la peine. J’ai vécu pourtant cela mille fois dans les montagnes avoisinantes de « ma maison », Les Pyrénées. L’excitation est là, il faut bien se dégourdir les pieds… je ne vais pas attaquer au vin chaud en début d’après-midi !
Résigné – enfin ! Pour la journée – avachi dans les gros fauteuils du lounge, je lis, j’observe les locaux prendre un verre puis diner. La nuit tombe et les lumières scintillent. C’est un autre visage que m’offre le Kagelo, et d’un coup, les pensées traversent mon esprit, ou plutôt une pensée. Quelle chance d’être ici, quelle chance d’être au Fuji, quelle chance de pouvoir voyager, d’avoir tout quitté pour essayer d’aller tenter sa vie ailleurs. Cette seule pensée m’arrache d’ailleurs un petit rire, et un large sourire s’affiche sur mon visage. Je te laisse imaginer les têtes de mes voisins de comptoir !
Mais, tu le sais bien toi, ce n’est pas de la chance, c’est un choix ! Un choix assumé. La chance n’a rien à voir dans tout ça. Si je suis ici, c’est bien que j’ai choisi ou plutôt oser tout quitter, oser prendre un risque, celui de n’être livré qu’à moi même, celui de peut-être échouer dans mon entreprise.
Même si, je dois bien te le confesser, ça fait déjà bien longtemps que la pensée de l’échec ne me fait plus peur. L’échec de quoi ? D’avoir eu le courage d’essayer quelquechose de différent, non-consensuel ? Avoir pris ce risque démesuré que l’autre n’aura certainement jamais le courage, affronter sa peur, sa propre peur, la peur de perdre son confort matériel, de quitter sa zone de confort comme l’on dit si souvent de manière galvaudée.
Revenons sur cette expression qui malheureusement aujourd’hui est utilisée à tout va. Ta zone de confort, on croit rêver ! Que cette expression soit utilisée dans l’autisme, oui, je l’accepte, car il est reconnu depuis longtemps que la perception du monde intérieur et extérieur est parfaitement troublante, que les interactions avec un environnement non-connu, non-maitrisé, sont cruellement déstabilisantes. C’est d’ailleurs pour cela que l’on utilise aussi cette expression pour les surdoués ou HPI, car l’interaction avec l’autre, la tentative de mimétisme (le zèbre !) coûte chère, très cher en énergie. Elle oblige à poser tout un tas de schémas mentaux, parfois déroutants, mais toi, toi qui est de constitution de ce qui est – et heureusement pour toi – la plus répandue, il n’y a pas de zone de confort « intellectuelle ». Tu ne mets jamais en péril ton équilibre psychologique ou émotionnel si précaire dans la moindre de tes actions insignifiantes du quotidien. Non, tu ne mets en péril que ton équilibre matériel !
Ne crois pas que je te juge, ne crois pas que je cherche ton admiration pour mes choix et actions. Rien de tout çà, restons humble les uns face aux autres. Chacun son histoire personnelle. Chacun sa vie, chacun son chemin. Encore moins de courage comme je l’entends si souvent. Le courage – à mon sens – c’est de rester dans une vie que l’on sait ne pas nous convenir, sans oser changer.
Sur cette pensée et savourant mon bonheur je me glisse dans mon lit, tirant la couette jusque sous mon nez dans cette nuit noire et fraîche.
Inutile de te préciser que si je dors comme bébé, profondément, comme apaisé auprès du Fuji, je suis néanmoins réveillé très tôt, bien plus tôt qu’à mon habitude. Daylight… les rayons du soleil et leurs chaleurs me tirent de mon sommeil. Depuis mon lit, je jette un oeil par la fenêtre, la grisaille s’en est allée, le soleil, un grand soleil sans nuage l’a remplacé. Je saute dans un pantalon, et cours dans le lobby.
Je n’ai pas de mot pour te décrire ce que je vis à ce moment présent. Le Fuji est juste devant mes yeux, imposant, si grand, si massif, qu’il semble posé juste derrière la baie vitrée. Son sommet est enneigé ce qui lui donne encore plus de prestance, il ressemble ainsi à toutes les images que j’ai pu voir par le passé, il est tel que sur l’estampe de ma chambre, il est tel que toute personne entreprenant ce périple souhaiterai le voir ! Pas un nuage, pas une ombre au tableau !
L’énergie qui se dégage de cette montagne est palpable. Je vais essayer de te décrire mes émotions – pas facile sans digresser ! Tout se passe comme si le Fuji irradiait, comme une grande onde, tu te sens apaisé, reposé et en même temps une énergie te pousse, te porte. Sa majesté veille sur toi ou plutôt, sa majesté bienveillante veille sur toi ! Il est beau, gracieux. Etrange d’utiliser ces adjectifs pour une montagne, mais c’est le sentiment qui se dégage pourtant, son couvre-chef le rendant encore plus mystique. Je comprends maintenant pourquoi il est représenté sur de nombreuses estampes du Japon, pas un symbole, pas une « marque », non, il est là pour t’apaiser, te prendre dans ses bras, te faire prendre conscience que tu n’es rien dans cet univers, la nature est bien plus grande, bien plus forte, parfaite… elle seule est d’ailleurs, parfaitement parfaite ! Sans le savoir, c’est cette énergie qui m’a permise de tenir bon, de ne pas succomber à mes démons, c’est lui, ce grand « Monsieur » qui m’a permis de ne pas en finir.
L’émotion est si forte, si intense, j’ai tellement de respect pour le Fujisan, qu’aussitôt mon esprit « repris », je m’agenouille face à lui… l’adoubement dont je t’ai parlé, tu t’en rappelles.
Une larme de joie glisse le long de mon visage pour s’écraser lourdement sur le sol, puis une seconde, une troisième… comme maintenant, l’émotion est si intense de te conter cette rencontre que les larmes montent encore, plus de 7 mois après !
Je te laisse imaginer la scène au milieu du lobby. Personne ne semble pourtant prêter attention à moi, je te l’ai dis, le Japon est le pays du respect, chacun est libre d’agir suivant ses convictions, à la simple condition de ne pas empiéter sur la liberté d’autrui ! Autant te dire aussi, que, l’ego m’ayant quitté depuis longtemps, je me moque complètement du regard ou du jugement d’autrui. Ce moment est le mien, ce moment me fait du bien, alors je le savoure intensément ! Je peux t’ assurer que cette nonchalance vis à vis du regard d’autrui est aussi quelque chose de nouveau – enfin nouveau dans cette vie ! J’ai appris à vivre pour moi, j’ai appris à ne pas prêter attention au jugement des autres, j’ai surtout appris à ne pas juger l’autre ! Aussi cet ego dont on parle tant, cet ego qui est à l’origine de bien des conflits aussi petits soient-ils, au sein de ta propre famille, entre amis, au travail ou mondial, comme toutes ces guerres, je l’ai combattu, je l’ai anéanti, je n’en ai plus. Je te l’ai déjà dit, ce n’est pas une question de je m’en foutisme, je porte toujours une attention et une émotion intense dans tout ce que j’entreprends ! Je ne suis rien dans cette immensité , nous ne sommes rien dans cette immensité ! Mes problèmes n’en sont pas, ils ne sont que des idées, des pensées construites par mon inconscient pour me rendre malheureux… alors plus d’ego, je l’ai chassé, et confidence pour confidence depuis, je suis heureux, intensément et immensément heureux. Ce lâcher prise me permet de savourer sans crainte de jugement le moment présent. Et je peux te garantir que celui-ci, cette rencontre avec Fujisan, je l’ai vécu si forte, que je m’en souviendrai toute ma vie comme si c’était maintenant !
Le temps du recueillement passé, je prends enfin mon p’tit dej, mon café du matin assis au comptoir contemplant le Fuji. Un groupe de japonais entrent, 3 ou 4 types, des hommes d’affaires sans doute ! Un de ce japonais s’approche de moi, il est le propriétaire de l’hôtel – pas plus âgé que moi – et spontanément me demande « c’est vous le photographe français ? »
Ce n’est pas du hasard, tu sais bien que je n’y crois pas, mais dans l’excitation j’ai oublié de te mentionner cette rencontre virtuelle. Rappelle toi, hier après-midi il pleuvait. Alors, entre deux rêves, je traine un peu – beaucoup – sur internet, cherchant plus d’informations sur le Fuji. Tout naturellement je visite le compte instagram de l’hôtel. Une photo ou plutôt sa légende attire mon attention… « vue du Fuji depuis le rooftop ». Je dois en savoir plus, comment accéder a ce rooftop ? Tu imagines bien qu’il est le lieu idéal pour capturer la grandeur du Fuji ! Le réceptionniste de l’hôtel me soutient qu’il n’y a pas de rooftop à l’hôtel. Impossible, je viens de voir une photo mentionnant ce rooftop ! Je suis perplexe. Tu me connais, je ne peux pas me contenter de cette approximation et dois en avoir le coeur net ! Je décide donc d’envoyer un message via instagram ! Tu commences à comprendre ?
Le compte de l’hôtel est géré par le propriétaire lui-même, Takuma… peu de temps après mon message il me répond… pas de rooftop… mais demain matin si le temps est bon, je peux vous emmener avec moi sur le toit de l’hôtel pour admirer et capturer le Fuji.
Cette rencontre magique est encore un point d’orgue dans mon chemin de vie, non pas simplement parce que je vais accéder au rooftop, mais pour l’échange, pour le moment privilégié que nous allons vivre ensemble, et surtout, surtout pour le lien qui va se créer.
Ce matin là, nous voila grimpant les escaliers un à un pour accéder à une issue de secours. A ce moment je pensais encore me diriger vers un rooftop. Non. Il prend une première échelle et nous montons sur le premier toit. Le temps est incroyablement ensoleillé, mais à cette période (novembre) les températures chutent la nuit et si le sommet du Fuji est enneigé ce n’est évidemment pas pour rien. Cette nuit la température est passée en dessous de 0 et le toit est entièrement gelé. Je réalise à ce moment le privilège d’être ici avec ce type qui veut juste me faire plaisir et réaliser mon rêve ! Puis une seconde échelle et accédons ainsi au plus haut sommet de l’hôtel. Tout est glissant, avec précaution, nous nous déplaçons sur les tuiles telles des danseuses. « Here we are ! »
L’immensité du Fuji est juste devant moi… majestueux. Camera à la main, je prends quelques clichés puis, tous les deux nous nous posons de longues minutes silencieux à contempler, à méditer probablement. Puis nous redescendons comme nous sommes arrivés.
Nous échangeons rapidement dans le lobby, je le remercie, je lui enverrai les images dans la journée. Takuma me confie que c’est exceptionnel, il a aimé mon travail, mon esprit, so… tu comprends ! Cet échange est bien évidemment à la japonaise, respectueux, avec peu de mots, mais une gestuelle qui laisse trahir les émotions. Très vite il m’indique où aller autour du lac Kawaguchiko d’abord puis ensuite auprès d’un second lac, le Yamanaka – qui est son spot préféré – à une trentaine de kilomètres.
Je t’épargne les différents échanges que nous avons eu les jours suivants, simplement te dire que nous avons sympathisé, tissé un lien étrange, nous ne nous connaissons que très peu, mais nous nous faisons la promesse d’aller gravir le Fuji lorsque je reviendrai. Etrange d’ailleurs, après mon départ et depuis l’Australie nous échangeons toujours et renouvelons cette promesse ! Inutile de te dire que je suis extrêmement impatient de pouvoir y retourner, revoir mon ami et rencontrer sa famille, son épouse, ses enfants … et vivre d’intenses moments non comme un touriste mais « à la japonaise ».
Et me voila encore en pleine digression.
Il est temps d’aller voir de plus prés ce Fujisan. J’enfourche mon vélo, et commence à rouler en direction du lac. Le plan du jour est de faire le tour du lac et d’en prendre plein les yeux. Inutile de préciser que dés les premiers mètres je suis impressionné. Tu es sur la route, tu tournes à un croisement, et il est toujours là, si imposant qu’il rythme le quotidien, omniprésent, bienveillant.
Cette première journée est un pur régal, je franchi le pont dans un sens puis dans l’autre, me régale de contempler le Fuji sous tous ses angles, puis j’entame la boucle. Au risque de me paraphraser, il est toujours là, omniprésent, rien ne peux lui faire de l’ombre. Ou peut-être si en cette période automnale, les momiji, les érables portant les couleurs rouges, orangées emblématiques de la saison. C’est comme une tradition ici, comme celle des cerisiers en fleurs au printemps, admirer les kôyô est aussi un art. Ces feuilles rouges sont partout, elles sont aussi un des symboles du Japon. Mais je te rassure, elles ne rivalisent pas avec le Fuji et ne peuvent l’éclipser, bien au contraire, à cette période elles le subliment. C’est avec mon oeil d’enfant que j’apprécie tout cela, n’est ce pas la encore un signe de la vie ? Le Fuji, en fil conducteur, son sommet enneigé, les feuilles rouges, le silence, la paix, la quiétude !
Alors que je pédale sur mon vélo, une phrase me vient en tête « Heure qui comme Ulysse a fait un beau voyage… »
En cette période de l’année et ante-covid beaucoup de touristes chinois et d’Asie en général sont présents, les premiers kilomètres et les premiers spots très touristiques sont envahis par les cars et la foule. Je rencontre et échange d’ailleurs avec un groupe de touristes japonais – venant admirer les momiji – et immortalise leur passage devant le Fuji en photos !
Pourtant si le paysage est à couper le souffle, je ne suis pas satisfait de mes images, il manque quelquechose, je ne sais quoi, alors je continue.
Très vite, le lac devient silencieux, plus de touriste, je suis en dehors des sentiers battus. Peu d’habitation voire aucune, les seules que je croise sur mon chemin sont de vieilles maisons traditionnelles en bois, abandonnées. C’est monnaie courante ici, les anciennes maisons n’ont plus de valeurs contrairement à notre société. L’usure du temps et les séismes font chuter leurs prix. De nombreuses finissent abandonnées. C’est auprès de l’une d’entre elles que je capture ces images du Fuji et des feuilles rouges. L’endroit m’inspire confiance, il est calme, embroussaillé. Je grimpe dans un arbre et profite du chant des oiseaux.
Des pauses comme celle-ci je pourrais t’en écrire des dizaines, mais cela a-t-il un sens. Garde à l’esprit que je ne me lasse pas de rouler, de contourner le Fuji, de découvrir une rivière… ou un café !
Apres plusieurs heures de route, au milieu de nulle part, ce petit Coffee-shop fait son apparition. A dire vrai ce n’est pas lui qui a attiré mon attention, en premier en lieu, c’est cette ancienne Beettle posée au bord de la route… et le garage attenant ! Une caverne d’Ali-baba comme je les aime. La belle découverte ! Des japonais old school, un garage de motos et voitures anciennes…. Cette rencontre est tout simplement improbable !
Je ne peux pas résister, je m’arrête et commence à tailler la bavette avec ces japonais complètement underground ! Tu me connais, tout ce que j’aime. Ils vivent en marge, et pourtant juste à cote trône ce coffee-shop tout propret dans lequel ils ont d’ailleurs leurs habitudes pour le café et les gourmandises. Bref, je m’assieds au bord du feu, on échange, on rit, une belle rencontre… encore ! Le encore est peut-être de trop ici, car la vie n’est que rencontres, même si je commence à en avoir l’habitude, sans en être blasé, je suis toujours sous le choc, la vie est tellement imprévisible. Si tu enlèves tes œillères, si tu oses aller vers l’autre sans à priori, si tu restes humble et à ta place, alors l’autre se livre à toi, t’expliquant avec coeur qui il est, ce qu’il fait… ou encore comment il vit ! Cette richesse de rencontres est mon or !
On parle motos, on parle voitures, on parle ski… et oui ici tu peux aussi skier en freestyle sur les bords du Fuji, puis ce petit café si mignon m’attire. Il est temps de prendre une pause, boire un thé et qui sait, si la magie veut bien encore agir, m’émerveiller de rencontres.
Je pousse la porte du café GRIS – c’est son nom ! – et wow … oui encore une fois. Comment imaginer qu’au milieu de nulle part, un si joli Coffee-shop puisse exister. Tout est blanc, une déco soignée ou rien n’est au hasard – à la japonaise me diras-tu – et cette odeur ! Les bras m’en tombent, des pâtisseries dignes des plus grandes françaises, des viennoiseries fabriquées tous les jours sur place et même des options gluten free ! De suite la magie opère, je commence à échanger avec les 2 propriétaires, 2 amies, qui ne parlent pas un mot d’anglais, mais très vite elles comprennent que je suis français, et me font découvrir leurs gourmandises maison. Elles m’invitent à m’asseoir à une des grandes tables en bois, vue sur le lac.
Les quelques clients qui prennent un thé et une pause sucrée sont tous des locaux. On ne se comprend pas, enfin tout du moins pas en parlant, mais je peux te garantir que je passe un moment d’anthologie, haut en fraternité et en partage. Et mon énorme appareil photos aidant, tout le monde se prête au jeu de la pose ! Fou rires et salutations s’en suivent.
Je sais que tu vas me dire que j’en fait toujours trop sur les rencontres, que je me paraphrase si souvent, mais chaque rencontre est pour moi magique, comme si elle était la première. Je ne suis jamais blasé !
Pourtant mon meilleur ami qui me connait si bien me dit toujours en France « Sam, arrête de faire la gueule, souris aux gens ! » Étrange, souvent à la ville je suis beaucoup plus réservé, tout le monde est affairé, tu ressens les mauvaises énergies environnantes.
Dés que je quitte la ville, que je voyage, je suis le pire des compagnons de route, je m’arrête souvent, je prends le temps d’observer les gens, de leur parler, de découvrir leurs vies, jamais comme un voyeur, juste comme un témoin de qui ils sont. Jamais, tu m’entends jamais je ne me suis vu refusé un échange ou une photo !
« Like attracts like » – Jim (Esperance), je ne pourrais jamais dire mieux, c’est l’essence ! Pas de la compassion ou autre sentiment, non, de l’amour, l’amour de soi d’abord, et l’amour des autres, sans jugement, aucun !
Et comme je n’en ai jamais assez et au risque que le temps change les jours prochains, je profite jusqu’au Sunset du Fuji, direction la Pagode de Chureito à l’autre bout de la ville. Pour tout te dire, le trajet à vélo n’est pas des plus agréables, long d’une part, et d’autre part, je dois longer une nationale. C’est le prix à payer pour découvrir cet endroit réputé pour observer le soleil se coucher sur le Fuji avec en première ligne cette fameuse pagode.
Encore quelques marches à gravir et me voila arrivé au sommet. Effectivement ce lieu est magique, voire mystique ! Je ne m’y suis pas trompé, le Sunset doit y être incroyable, vu le nombre de photographes installés ! Je joue des coudes, esquisse quelques sourires, et trouve une place… tout le monde s’agglutine du même côté. Je clique quelques images, mais si tout le monde est au même emplacement, pas d’originalité, pour sûr, je capturerai la même photo peu ou proue que tout le vulgaire. Alors je décide de me décaler, de passer de l’autre côte, sur la droite du temple, de marcher un peu et là, surprise ! Personne. Ma place est donc toute choisie. Je t’avoue que je clique quelques images furtivement, dont celle-ci, et pose mon appareil, c’est avec mes yeux que je veux figer cette image et ce moment au plus profond mon esprit ! Tu sais que j’aime photographier, cependant il faut aussi savoir profiter du moment présent, ne rien faire et simplement se faire emprisonner, capturer par l’énergie et les ondes vibratoires !
Sacrée journée, intense, riche en émotions et en rencontres, le Fuji est à la hauteur de ses promesses et peut-être bien plus encore !
C’est donc fourbu et heureux que je rentre au Kagelo. Repos mérité. Demain je m’attaque au lac Yamanaka, et je peux te garantir que de l’énergie il m’en faudra car le trajet à vélo est d’environ 2h30. D’ailleurs lorsque j’ai annoncé à Takuma mon intention d’y aller, il ne l’a pas cru ! Mais si cet endroit est un des plus beaux, comme il me l’a décrit, je ne peux pas manquer cette nouvelle rencontre avec le Fuji !
Ce matin là, le soleil est encore à son paroxysme, aucun nuage en vue. Ce fut comme cela pendant tout mon séjour au Fuji. Je suis béni des dieux ! Ce cadeau de la nature, je le savoure pleinement, et remercie chaque instant Fujisan de m’offrir son plus beau spectacle.
Takuma est là, on prend un café, on papote, et alors que le réceptionniste m’apporte mon vélo, il va lui-même me choisir LE « bon » vélo car comme je te l’ai dit le trajet est plus que long.
La première partie n’est pas très agréable, je longe la nationale puis une zone industrielle. 1h30 plus tard, je suis en pleine nature, ça monte, ça descend, et puis la neige me surprend…les abords de la piste cyclable sont blancs, j’approche du but !
Je passe un petit village qui ressemble à nos petits villages de montagne français, et, le choc, je débouche sur le lac, me retourne, et le Fuji m’offre un autre visage. Il parait si proche, si immense. Je m’arrête et observe cette face que je n’avais encore jamais vu… incroyable, au sommet tu aperçois comme d’immenses marches façonnées probablement par le temps.
Cette première partie du lac n’est pas non plus la plus agréable à mon sens, trop touristique, enfin je me comprends, il n’y a personne ici, mais comment t’expliquer, la ville est omniprésente, les cafés, les restaurants ainsi que les proméne-couillons !
Le Fuji et sa prestance se mérite, alors je continue et entame le tour du lac par la gauche, le Fuji dans mon dos. Inutile de te préciser que ce lac est immense et que je n’en ferais pas le tour ! Chemin faisant, tout change, la ville s’éloigne et la nature apaisée, apaisante reprend le dessus. J’arrive bientôt à une première crique, puis à une seconde, je suis maintenant face au Fuji, face à ce monstre de beauté et de magie.
Je m’arrête, pose mes pieds sur un ponton, le temps se fige. Je ne saurai pas te dire combien de temps je suis resté ici,encore en recueillement, en admiration devant celui qui est un peu comme mon « mentor ».
Ce moment est ancré à jamais dans ma mémoire. Je suis là, face à lui, pris par son énergie. Je peux ressentir ses vibrations, le temps est suspendu, il me transmets sa force. Je le remercie d’avoir été auprès de moi aussi longtemps. Tu vas me prendre pour un dingue, mais je puis t’assurer qu’il y a des lieux énergétiques comme le Fuji, dans lequel, si tu es attentif, la puissance s’impose à toi, tu la sens, la ressens, tu la vis ! Tu prends conscience de l’immensité, et si tu es un peu aguerri, ton esprit s’arrête et monte tout là-haut vers Gaia et au delà, vers ton subconscient. Tu observes de là-haut l’univers, la lumière s’allume, puis tu redescends prenant conscience que tu n’es rien, que tes problèmes sont des pets de mouche dans un ouragan – A fart in a hurricane !
Prends moi pour un fou, pour un mystique ou encore pour un junky, tu sais que je m’en contrebalance. Ce Fuji je l’ai vécu ainsi. Le Yamanaka est probablement le plus bel endroit, le plus sauvage, le moins touristique, le plus authentique pour une rencontre avec le monstre sacré !
Et comme mon séjour au Japon est marqué par les rencontres fortes, laisse moi te conter celles de mon chemin retour. Promis ensuite j’arrête sur ce sujet !
Je suis fasciné par le travail remarquable des pompiers partout dans le monde. Ces personnes qui prennent des risques et mettent en jeu leurs propres vies au quotidien pour tenter de te sauver. Sur le chemin allant au lac j’avais repéré une caserne. Je décide de m’y arrêter. Je franchis le portail et à tout te dire je ne suis pas très confiant, car comme je te l’ai répété à plusieurs reprises, ici le respect est une des règles essentielles de vie et tu ne peux pénétrer chez quelqu’un sans y être invité.
Des pompiers s’entraînent aux manœuvres de secours sur des mannequins. Me voyant arriver avec mon vélo ils pensent d’abord à un souci. Personne ne parle anglais, la tâche ne sera pas aisée de leur expliquer que je veux juste les observer et leur rendre hommage en images.
Le langage corporel agit encore et je passe 1h avec eux, à les regarder, à échanger, ils m’expliquent leur travail, me montrent leurs outils, leurs camions, bref… en apesanteur encore une fois.
Je repars, Heureux qui … tu connais ! Une fois n’est pas coutume. Moins de 30min après et alors qu’il me reste au bas mot 1h de vélo, crevaison ! Aucun matériel de réparation avec moi. Va essayer de trouver un réparateur au milieu de nulle part ! Je roule à plat une quinzaine de minutes en danseuse sur la roue avant.`
Une petite zone industrielle devant moi, je me dirige vers la station essence. Aprés maintes explications, nous nous comprenons, ils ne peuvent rien pour moi et me dirigent vers le concessionnaire motos plus loin . J’enfourche de nouveau mon vélo et bat en retraite vers ce magasin Suzuki.
Etrange de penser faire réparer son vélo dans un shop de motos. Ne cherche pas, un peu dépité je l’avoue, j’entre. Le patron de la concession m’accueille, il parle un anglais douteux – comme moi me diras-tu ! – me propose un café, de m’asseoir et de me reposer dans le bureau où sont assis les employés, 5 ou 6 de mémoire. Il ne peut rien pour moi et se propose d’appeler l’hôtel pour qu’ils viennent me récupérer.
30 minutes plus tard, un employé de l’hôtel est la pour me récupérer, il se confond en excuses pour la crevaison – impensable. Durant ce temps, je partage un café et une discussion endiablée avec les garagistes. Un des gars ici est assez réputé, un type qui lorsque c’était encore autorisé, gravissait le Fuji en moto jusqu’au sommet enneigé.
Bref, bla bla bla… des rencontres, de la passion, de l’échange…. Tu comprends ou je te fais une explication de texte ?!
C’est ainsi que se termine ma journée et mon séjour au Fuji. Takuma me souhaite un bon voyage, nous renouvelons notre promesse de faire l’ascension du Fuji ensemble très bientôt. Mais le COVID étant passé, ce n’est que partie remise.
Je me prends cependant à rêver depuis l’Australie au voyage de mes enfants ici, et leur promet a mon tour que nous pourrions faire escale au Japon et gravir tous ensemble – en compagnie de Takuma – ce monstre sacré qu’est le Fuji.